Derrière soi
On sait ce qu’on laisse derrière SOI
On ne sait pas c’qu’on trouvera
J’avais sur ma table du bon pain
Qui m’donnait l’sourire le matin
Ici tout est artificiel
La baguette a un arrière goût d’vaisselle
J’avais un tout p’tit bout d’jardin
Que j’entre’t’nais avec entrain
Ici tout est artificiel
Les légumes voient jamais le ciel
J’en ai pas le goût de cette ville
C’est décidé il faut que je file
J’avais un tout p’tit bout d’chemin
Pour m’emmener jusqu’au turbin
Ici tout est artificiel
Y’a qu’du bitume sous mes semelles
J’avais un tout p’tit bout d’refrain
En rimes riches en alexandrins
Ici tout est artificiel
Que de boiteuses ritournelles
J’en ai mal aux pieds de cette ville
C’est décidé il faut que je file
J’avais sur ma table du bon vin
Pour m’enivrer jusqu’au matin
Ici tout est artificiel
Y’qu’des sulfites dans leurs bouteilles
J’avais toute une bande de copains
Avec qui partager mon vin
Ici tout est artificiel
l’amitié se gère par email
J’en ai mal au cœur de cette ville
C’est décidé il faut que je file
J’avais un joli bout d’béguin
Jusqu’à ce qu’elle y mette fin
E’m’trouvait trop artificiel
J’ai trop souffert, j’ai changé d’ciel
Mais j’ ai plus mal pour cette fille
C'est décidé je quitte la ville
Je m'en irai vers mon là-bas
Vers ma bicoque mon vrai chez moi
Et j'retrouverai tous mes copains
Pour partager mon vin, mon pain
Les manches
C’est pas qu’on voudrait pas s’relever les manches
Mais on nous donne que des dimanches
On n’est que des chomistes au fumage
Des profiteurs des assistés
Qui chercheraient toujours une plage
En aparté d’la société
C’ est pas qu’on n’voudrait pas user des manches
Mais on nous donne que des dimanches
Pour nous c’est râteaux sur râteaux
C’est des coups à devenir marteaux
De pelle en pelle on se relève
En attendant une petite trêve.
C’est pas qu’on n’voudrait pas faire la manche
Mais ça a trop l’goût du dimanche
La quête c’est bon pour les curés
C’est des coups à vous écœurer
D’avoir bien garni votre table
Et de tout envoyer au diable
On devrait p’ t ’être franchir la Manche
Alors à nous les beaux dimanches
Des Sunday tout plein de soleil
Qui vous emplissent le cœur de miel
On rigolera de notre English
En commandant un club sandwich
On pourrait p’t’être…non
On pourrait p’t’être gagner une manche
Juste pour une fois tenir le manche
Avoir la rolex sous la manche
La clé du coffre et puis du ranch
Histoire de prendre un peu d’fric aux bourges
Pour leur montrer ce qu’est le rouge
D’un beau et long dimanche
Nous étions tous des paumés
Découvrant le goût du miel
On s’cachait dans les fourrés
Pour fumer des arcs-en-ciel
Mais si elle passait par là
La plus belles de demoiselles
On sortait de nos sous-bois
Pour saluer la Marcelle
Nous étions tous des saoulôts
Faisant rimer verre et frère
Oubliant le goût de l’eau
Dans les bars de Saint RAMBERT
Mais si elle était ici
La plus belles de demoiselles
On l’ vait l’nez de nos demis
Pour sourire à la Marcelle
On s’prenait pour des comanches
Capables d’affronter l’enfer
Gagnant au foot le dimanche
Dans l’équipe de Saint RAMBERT
Mais pas quand elle était là
La plus belles de demoiselles
On s’en prenait au moins trois
Parce qu’on n’voyait plus qu’elle.
Marcelle
On était tout excités
Quand vint l’bal de Saint RAMBERT
On rêvait de l’inviter
Sans qu’aucun n’ose le faire
Et puis elle est arrivé
Cette fille qu’était pas d’chez nous
Elle l’a un peu fait valser
Et lui a fait un bisou
Maint’ nant on est tous casés
On vit plus à Saint RAMBERT
Mais on aime se retrouver
Pour se dire autour d’un verre
Qu’on a perdu notre jeunesse
A fantasmer une princesse
A lui vouer une sorte du culte
Périmé à l’âge adulte
Mais c’est sûr qu’c’qui a celé
Notre belle et franche amitié
C’est d’admirer cette donzelle
Au doux prénom de Marcelle
Nous ne savions pas
On a 20 ans avec le vent
On se prend déjà pour un grand
Mais on n’sait pas ! Nous n’savions pas !
Quand on parlait révolution
Toi t'achetais tes premières actions
Nous n’savions pas ! Nous n’savions pas !
T’étais le bienv’nu dans nos rondes
Nous nous rêvions d’un autre monde
On croit que l’union fait la force
On s’en fabrique une belle écorce
Mais on n’sait pas ! Nous n’savions pas !
Dans l’désert nos ch’veux pour seule ombre
Toi de vieux arbres et en grand nombre
Nous n’savions pas ! Nous n’savions pas !
Que le pouvoir ne se fonde
Pas sur la voix du plus grand nombre
On effeuille de jolies fleurs
En énumérant nos valeurs
Nous n’savions pas ! Nous n’savions pas !
Pendant qu’on lançait des idées
De leur substance tu les vidais
Nous n’savions pas ! Nous n’savions pas !
Tu nous as pris l’mot liberté
Pour nous rendre esclave du Marché
Nous n’savions pas ! Nous n’savions pas !
La différence semblait profonde
Y’avait la droite et notre monde
On a pris l’pli de bien voter
De perdre et de se révolter
Nous n’savions pas ! Nous n’savions pas !
Quand pour une fois on a gagné
On s’est très vite résigné
Puis on a su ! Oui on a su !
Qu’ta trahison était profonde
Nous nous rêvions d’un autre monde
Nos enfants bâtiront ce monde
En crachant sur ta tombe